Magali Milbergue

Magali Milbergue

Créatrice web, accompagnatrice, formatrice et inclusion advocate.

header-corner

La journée mondiale des programmeurs et développeurs.

Aujourd’hui, c’est ma fête ! 🥳🥳🥳

Euh ?… C’est ma journée ? Je ne sais pas comment on dit… En tout cas, aujourd’hui, on est sensés me célébrer. Enfin, ma profession… Enfin, en tout cas, c’est la journée mondiale des programmeurs et développeurs, quoi.

Merci les Russes ??

C’est une anecdote qu’on trouve sur à peu près tous les articles sur le sujet, donc n’hésitez pas à sauter cette partie si vous connaissez déjà l’origine de cette journée, mais on doit cette journée aux Russes.

C’est grâce à un développeur russe qui a milité pour qu’il y ait une journée chômée pour les développeurs et programmeurs russes que cette journée a finalement été créée en 2002. Et en Russie, c’est bien une journée fériée pour les personnes concernées (j’aurais bien pris ma journée mais on me dit que je n’habite pas en Russie…).

Le truc vraiment marrant, enfin quand on a un humour aussi fin que le mien (🤷🏻‍♀️) c’est que cette journée a été placée sur le 256e jour de l’année (et en année bissextile tombe donc le 12 septembre au lieu du 13). Ceci étant une référence aux 256 combinaisons possibles de bits dans les octets. C’est toujours satisfaisant quand une journée mondiale n’est pas posée sur un jour complètement au pif.

(Prenez deux minutes et allez voir quelles sont les journées mondiales sur votre anniversaire, personnellement je trouve que les miennes sont plutôt pas mal finalement : journée contre l’islamophobie, journée contre la brutalité policière et journée du droit des consommateur·rices !)

La féministe énervée fait son come back

Vous avez sûrement remarqué l’absence d’inclusivité de la partie précédente de cet article. Dedans, je ne parle que de programmeurs et de développeurs. Est-ce vous l’avez vraiment remarqué ? Ça vous a chiffonné·e ? Ou alors vous n’avez rien vu ?

Personnellement, ça m’a fait grimacer du début à la fin de la rédaction de ces quelques lignes. Mais bon, après tout, la journée n’est pas inclusive donc on va pas faire le taf à sa place, non ? Les personnes qui ont créé le nom de cette journée ont pris le temps de dire « programmeurs et développeurs »  alors que ces termes sont interchangeables. Et que même si on veut pinailler un peu, développeur est sous l’ombrelle de programmeur. Quand on dit « programmeur », on inclue de facto les développeurs…

Par contre, parler de programmeuses ou de développeuses visiblement, c’est trop demander. Encore une fois, tout est au masculin, et nous on n’existe plus.

Vous allez me dire « oui mais en Français, le neutre est masculin ». Okay. Sauf qu’en fait, si je vous fait fermer les yeux et que je vous dit « trois développeurs discutent d’un projet à la machine à café », vous n’imaginerez pas une femme. Même moi qui suis une femme développeuse et qui me bat pour plus d’inclusivité et de représentation, quand on me dit « une équipe de développeurs prépare son projet en salle de réunion », mon premier réflexe c’est de n’imaginer que des hommes.

Ça tient à deux choses :

  • l’utilisation d’un terme masculin (et oui, on peut dire autant qu’on veut que c’est « neutre », la réalité c’est que quand un terme est au masculin, notre cerveau pense « homme »)
  • l’image de la profession, qui est toujours représentée par des hommes, pour les hommes et avec une culture très masculine

Alors, oui, le langage inclusif ne va pas changer la culture et l’image de la représentation au global. Ça ne règlera pas tous les problèmes. Mais ça règlera une grosse partie de l’invisibilisation des femmes dans la tech.

On existe, on est là. Il n’y a aucune raison qu’on ne soit pas représentées. Particulièrement dans une industrie où être une femme est quelque chose qui rend la vie et le parcours très compliquée. Pour rappel : 50% des femmes qui travaillent dans la tech la quittent avant leurs 35 ans. Si on fuit la tech, il y a une raison.

Donc voilà. Aujourd’hui c’est ma journée. Et je devrais être contente, ça devrait me rappeler que je fais un chouette métier donc je peux être fière. Et au lieu de ça, ça me rappelle encore une fois que je ne suis pas à ma place dans mon industrie et que je dois me battre juste pour qu’on reconnaisse mon existence.

Au lieu de me faire sourire, l’existence de cette journée me montre tout ce qu’il y a d’insupportable dans cette industrie : on prend le temps de préciser « programmeur et développeur » mais on prend pas le temps d’inclure les femmes.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *