Magali Milbergue

Magali Milbergue

Créatrice web, accompagnatrice, formatrice et inclusion advocate.

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Burn Your Idols - 1.02 - Burn Yourself avec Marcy Ericka Charollois

Ce transcript est fait pour permettre aux personnes qui en ont besoin pour pouvoir accéder aux contenus de mon podcast Burn Your Idols.

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Transcript

Burn Your Idols – 1.02 – Burn Yourself, une conversation avec Marcy Ericka Charollois

Intro :
Peut-on séparer la personne de l’artiste ? Est-il toujours possible d’aimer les films de Woody Allen en 2024 ? Pourquoi tout le monde déteste JK Rowling ? Le musée Picasso devrait-il remettre en contexte l’œuvre de cet homme qui aimait détruire les femmes ? Burn Your Idols est un podcast où nous essayons de répondre à ces questions. Je suis Magali Milbergue et ensemble nous allons réfléchir à notre rapport à nos idoles, à la célébrité, à l’histoire et à l’art.


Magali
Donc aujourd’hui, on reçoit Marcy Erica Charollois pour discuter avec elle d’un sujet qui, à mon avis, va en surprendre plus d’un et plus d’une. Marcy, je te laisse te présenter un petit peu si tu veux avant qu’on commence.

Marcy
Carrément ! Merci pour l’invitation, c’est trop trop bien ! Je suis vraiment contente de pouvoir participer à cet épisode. Moi je sais… Franchement, aujourd’hui je sais plus décrire qui je suis. Je travaille dans la tech, je fais surtout de l’inclusion et j’essaie d’apporter de la technicité à toutes les pratiques inclusives qu’on peut retrouver dans les outils numériques, ça passe par pas mal de points, notamment la communication, savoir comment on arrive à faire porter des messages et comment on les porte nous-mêmes ou comment on les incarne. Et qu’est-ce que je pourrais ajouter d’autres ? Et au-delà de ça, je suis maman de deux petits Yorkshire qui sont juste trop mignons et adorables.

Magali
Je confirme.

Marcy
J’adore le Houmous. [Rires] On peut le dire, ça fait partie intégrante de ma personnalité. Voilà. Cette présentation est 100 % aléatoire. En même temps, c’est un peu comme si j’étais à la maison. Là, je me sens très bien.

Magali
C’est ça, comme à la maison avec les toutous et le houmous. Ça va être le sous-titre de mon podcast !

Marcy :
Des chiens, un mic et du houmous.

Magali
C’est ça ! Du coup, il y a une petite question que j’avais envie de te poser c’est qui est la première personne qui a été ton idole ? Est-ce que tu te souviens de ta première idole ?

Marcy
C’est une super bonne question parce qu’en fait, dans mon éducation… C’est dingue en fait. Dans mon éducation, j’ai été éduquée pour ne pas idolâtrer les gens. J’ai une mère qui a beaucoup insisté à ce sujet-là et qui disait « non, non, mais moi j’ai jamais compris les personnes qui justement ont des réactions émotionnelles très très fortes ». C’est presque un truc qu’elle rejetait. Et c’est vrai que j’ai pas mal été éduquée là-dedans. Donc même tout ce qui était un peu les choses classiques de l’adolescence dans les années… Alors moi du coup j’étais en 2005. Mais de fait, on était quand même dans une ère où on avait beaucoup de popstars, Alizée, Lorie… Pour les filles en France, c’était vraiment ça. Il y avait plein de groupes américains comme ça. On avait grandi dans cette époque de posters. On affichait ça dans notre chambre.

Magali
Les magazines où il avait les actualités de nos stars et tout ça…

Marcy
C’était quoi ? Star Club ? Je sais plus.

Magali
Oui, Star Club !

Marcy
[Rires] A l’ancienne. Et c’est vrai que finalement, ça a quand même pas mal façonné la vie des adolescentes autour de moi. Moi j’avais pas le droit de mettre des posters de ce type-là dans ma chambre pour dire jusqu’où ça allait. Et je crois que la première personne que j’ai vraiment kiffée
en tant que star, c’est Sophie Ellis Bextor. Et oui, vraiment, j’ai en effet tapé une vraie fixette sur elle et ma mère a cédé et m’a acheté des albums. Voilà, donc je crois que c’est vraiment la première idole, si je puis dire, que j’ai eu dans ma vie. Son esthétisme en, fait, c’était ça que j’adorais et puis sa vibe très disco, pas très loin de la Motown, mais version United Kingdom. Je trouvais ça très hybride en fait. Un mix entre la Motown et les Spice Girls. Un peu cette vague pop disco là.

Magali
Ouais, c’est marrant parce que moi j’ai redécouvert Sophie Ellis Bextor très récemment. Je pense que c’est parce qu’elle est revenue justement. Et du coup sur Spotify, à un moment ils m’ont proposé je sais pas quoi d’elle et je me suis dit « tiens, j’ai jamais vraiment écouté à part le tube que je connais d’elle » et du coup je me suis fait une playlist et je l’écoute régulièrement. Je trouve ça trop cool en fait. Donc j’étais un peu passée à côté. Mais en fait ouais, je suis d’accord avec toi, elle a un truc quoi. Ok, mais ce n’est pas d’elle dont on voulait parler aujourd’hui. Mais du coup, quand on a discuté un peu toutes les deux, quand je t’ai proposé de participer, tu m’as dit que justement ça tombait très bien parce que tu étais sur une réflexion à propos de tout ça. Tu vas nous raconter.

Marcy
Ouais ben vu que le sujet ça reste les idoles. Et justement tu vois je t’expliquais que dans ma famille c’est pas du tout une tradition, loin de là. Et je pense que c’est un héritage religieux et familial que ça a été un peu comme on peut dire ça. C’était pas une doctrine en soi, mais c’était un peu une espèce de substrat religieux lié à mon éducation et à mes ancêtres et qui a amené ce truc-là. Et c’est vrai qu’aujourd’hui maintenant, je me suis un petit peu, beaucoup penché sur la théologie. Et quand tu es venu avec ce sujet, ça m’a fortement parlé parce que j’étais sur une étude concernant l’idolâtrie dans la Torah et dans la Bible. Donc on peut parler religion aujourd’hui !

Magali
Wooouh !

Marcy
Tu m’aurais interrogée il y a deux ans sur les sujets que j’avais engagés. Jamais j’aurais misé un kopeck là-dessus. Comme quoi. Et franchement, il n’y a que les abrutis qui ne changent pas d’avis donc…

Magali
C’est top. Parce que c’est ce que je te disais aussi quand on en discutait, c’est des sujets que moi je maîtrise pas du tout. Donc c’est super que toi tu puisses les amener et qu’on puisse en discuter parce que je vais apprendre plein de choses, ce qui est un peu le but caché de ce podcast, comme toujours. Mais en plus du coup, on amène un sujet que toute seul, j’aurais jamais été capable de porter. Donc c’est super. Et du coup. Ben qu’est-ce que tu en tires, toi, de ce que tu as lu sur ce sujet au niveau religieux ? Quels sont les enjeux ?

Marcy
C’est une très bonne question. La question des enjeux, parce que c’est vrai que je ne l’ai pas dit en introduction mais fatalement, quand tu fais des conférences parce que pour les gens qui me découvrent dans ce podcast, je fais des conférences. Il y a un peu cette partie où d’un seul coup tu deviens, si tes sujets sont pertinents / provocateurs / intéressants, on va dire qui sont un peu à la marge et qui vont se démarquer… Fatalement tu es exposé à la lumière. Et il se passe un truc, c’est que tu vas toi-même devenir un objet d’idolâtrie. En tout cas, moi c’est quelque chose que j’ai vécu. Qui m’a fait autant de bien que beaucoup de mal. Et de fait, c’est aussi tout ce parcours, qui je ne sais pas s’il est typique ou atypique en fait… En réalité, je n’en sais trop rien. Mais c’est tout ce parcours-là qui m’a amenée à me poser la question de qu’est-ce que l’idolâtrie dans les textes de la Torah et du coup dans l’Ancien Testament de la Bible ? Parce que les choses sont assez claires et nettes, c’est que l’idolâtrie, c’est quelque chose qui n’est pas du tout préconisée parce que ça fout trop de pression aux gens. C’est pas bien dans le sens où on ne devrait pas porter aux nues de manière exagérée des personnes ou des cultes, ou des traditions ou… Et en fait, c’est cette lecture là où j’ai appris et désappris en même temps, à travers mon propre prisme et mon expérience personnelle, à quel point c’était très juste. Et j’ai été assez fascinée de découvrir que, en fait, l’humain est fait pour l’idolâtrie. Vraiment au premier degré, il est fait pour ça. Il est fait pour voir, je sais pas moi, des visions de vie où il a besoin d’investir son énergie et ses croyances. Ce qui fait que fatalement, toi, si tu portes un message qui est assez intéressant ou pertinent pour la personne qui l’entend, eh bien tu vas devenir un objet d’idolâtrie et alors ça devient de pire en pire si en plus tu mènes une communauté. A l’heure des followers c’est vraiment… J’ai envie de dire c’est vraiment la raison pour laquelle j’ai dit « Hey Twitter ! Aurevoir ! je me barre de cette plateforme ! » parce que trop de pression. Il y a beaucoup trop d’attentes de la part de personnes qui parfois ont l’impression de connaître des choses de toi, alors qu’en fait ils connaissent rien de ta vie. C’est à dire que vraiment ils ont accès à un dixième de ta vie et sont persuadés d’en connaître la totalité. Et moi c’est quelque chose qui m’a beaucoup, beaucoup, beaucoup effrayée, et contre laquelle je me suis vraiment battue je pense. En fait, c’est beaucoup trop violent et on le voit aujourd’hui avec tous les phénomènes d’influence. Pourquoi on assiste à des chutes comme ça de personnalités ? On avait eu Nabila à une époque, quand elle s’en était prise au mec qui est devenu son mari, le père de ses enfants. Grand bien leur fasse. Mais là, on le voit récemment, rien qu’avec le phénomène Poupette Kenza où la meuf, elle était suivie par je ne sais même plus combien de milliers de personnes. Mais les gens investissent tellement de leur temps, de leur croyance, et même de leurs finances. En fait, pour ces personnes-là, il y a une espèce de… presque de voile qui se met devant leurs yeux et qui fait qu’ils ne se rendent même plus compte qu’ils sont en train d’idolâtrer cette personne. Qu’ils la destituent de son humanité, c’est à dire sa capacité à faire le choix, le bien ou mal, peu importe le type d’agissement ou cette fameuse zone grise qui est entre les deux. Et on impose en plus de tout ça un domaine de croyances, de rumeurs, de présuppositions sur qui est cette personne, ce en quoi elle est engagée. Après peut être d’autres phénomènes qui découle aussi de l’idolâtrie, qui est des gens qui viennent carrément se battre entre guillemets pour toi, te défendre alors que parfois tu leur a rien demandé. Moi vraiment c’est ce qui m’est arrivé… J’ai vu des gens prendre la défense sur des trucs et en plus en racontant vraiment littéralement n’importe quoi de ma vie. Et je me disais mais en fait pas du tout ! Déjà, je t’ai jamais demandé un truc, je veux même pas un investissement émotionnel aux gens qui relève de l’idolâtrie quoi. C’est pas possible !

Magali
Ouais non, c’est super intéressant parce que. J’ai le même questionnement que toi qui m’a tournée vers l’envie de te lancer ce podcast. En fait, même si je ne suis pas allé chercher les réponses dans la religion parce qu’étant athée, c’est pas là où je vais la chercher, les chercher. Mais moi je suis… Alors j’ai une figure semi-public aussi du fait que je fais des conférences et que depuis un an j’ai ma newsletter. Et rien que le fait des fois en conférence de discuter avec quelqu’un, évoquer quelque chose de ma vie privée et que la personne me dise « je sais », ça me met un espèce de blanc total et après souvent c’est suivi de « j’ai lu ta newsletter ». Alors déjà, souvent je ne me souviens pas que j’en ai parlé dans ma newsletter, donc j’ai un moment de blanc total où je me dis « ah bon, j’ai déjà raconté ça dans ma newsletter. » Bon voilà. Mais en dehors de ça, c’est très bizarre de discuter avec quelqu’un, de ne pas être sur le même niveau de connaissance en fait. Rien que ça. Déjà, sans chercher la question de l’idolâtrie totale du côté fan ou quoi, mais juste le côté cette personne me connaît plus que moi, je la connais. C’est déjà déstabilisant. Et du coup, en discutant une fois en conférence comme ça avec quelqu’un, justement, je disais « ça m’a fait flipper le fait que tu me dises je sais alors que en fait tu as juste lu ma newsletter ». On discutait et en rigolant j’ai dit « en fait, visiblement, être célèbre, ça me terrifierait ». Et en fait, je pense que je ne serai pas capable d’être célèbre, ça me ferait vraiment flipper. Et c’est une des choses qui m’a amenée à ce podcast en fait, ce cheminement-là. C’est pour ça que je suis contente aussi que tu sois la première invitée parce que je savais qu’on avait des cheminement de pensée et des expériences en commun. Même si tu m’as un peu fait faire un 180 avec ton histoire de religion quand tu m’as dit « justement, on va parler de la Bible ! » Hein ? Ok. Ok, Marcy, on va parler de la Bible. [Rires]

Marcy
Je ressortais justement d’une étude sur l’idolâtrie. Je l’ai pas fait exprès, les planètes se sont alignées.

Magali
Mais écoute, super ! Et ce que j’aime bien aussi dans ce que tu as dit, c’est le fait que, que ce soit une vision positive de la personne ou que ce soit une vision négative de la personne de par son statut de personne publique. Il y a le fait de déshumaniser la personne, on ne la réduisant qu’à cette image là en fait. Moi, dans le podcast, au début, ce que je voulais vraiment aborder particulièrement, c’était le fait d’idolâtrer positivement quelqu’un qui en fait s’avère être une connasse ou un connard. Parce que je trouve que c’est hyper dangereux. Déjà, émotionnellement, ça peut être assez violent et c’est intéressant d’explorer ça, mais en plus tu as des gens qui refusent du coup, qui sont dans un espèce de déni parce que… Et en fait il y a des choses qui passent et des personnes très très toxiques, voire dangereuses, qui gardent une place hyper, enfin qui gardent un pouvoir grâce au fait que les gens refusent d’arrêter de les idolâtrer. Mais en fait, ce qui est intéressant aussi je pense, il y a tout un spectre. En creusant le sujet, en réfléchissant à des sujets à aborder, je me suis rendu compte que oui, les backlash qu’il y a contre certaines personnalités où tout d’un coup on passe de tout le monde l’adorait à tout le monde, la déteste des fois pour des trucs vraiment basiques ou parce qu’elle a clashé avec quelqu’un d’autre. Et tout d’un coup on passe de « Ah j’adore cette personne » à « cette personne est la pire personne du monde » et on se met à la harceler, à faire du le harcèlement de masse. Tout ça pour moi, ça rentre là-dedans. Et nos rapports dans les réseaux sociaux aussi. C’est pas pour rien qu’on dit des followers quoi. Dans un réseau social presque on est censé être tous la star de son petit groupe. Et ça, ça rend des relations un peu compliquées, je trouve.

Marcy
Mais complètement. Je suis très aligné avec ce que tu dis et ça, c’est un point que je vais aborder dans ma prochaine conférence. C’est qu’en fait, bibliquement, ce qui est intéressant, c’est que le fait d’investir autant d’énergie chez des gens ou des actions, c’est leur attribuer, et je parle bien théologiquement, c’est leur attribuer, comment dire, une fonction divine. Donc en gros, c’est comme si tu investissais tout ton temps dans une espèce de mini dieu, un dieu parallèle donc, selon lequel tu vas procédé à un tas d’actions qui vont te paraître bien ou pas bien selon cette personne. Quand on a typiquement ces événements de harcèlement de masse, je vais prendre l’exemple de Selena Gomez et Hailey Bieber, parce que pour moi c’est vraiment… Ces deux meufs là elles incarnent parfaitement le pire de ce qui peut être fait sur les réseaux sociaux. Déjà les personnes qui aiment Selena se sont appelées les Selenators… Cette communauté s’est appelée elle-même les Selenators dans l’idée justement, un peu comme des « gladiators », d’aller défendre Selena. Elle n’avait pas demandé en fait. Je veux dire, elle n’a jamais fait de communication en disant « voilà, vous devez absolument vous appeler les Selenators, vous devez aller me défendre… » Mais pas du tout. Tout laisse à penser extérieurement que c’est comme piloté en interne cette histoire. Sauf que pas du tout. Et pareil de l’autre côté, du côté d’Hailey Bieber, évidemment. C’est une question de rivalité un peu stupide leur histoire, mais un peu comme toutes les histoires basiques j’ai envie de dire. C’est un peu amusant de constater ce truc-là, c’est de voir que finalement il y a des communautés qui se montent les unes contre les autres, sans pilotage de l’une ou de l’autre. C’est juste le fait qu’elles prennent la parole et l’investissement émotionnel de ces personnes-là qui considèrent ces célébrités comme un peu leur Dieu, qui fait qu’elles vont être amenées à procéder à tous ces tas d’actions. Ce qui est intéressant aussi, c’est, tu le disais, des followers. En fait, c’est un peu ça, c’est que finalement, si chacun est un peu une espèce de mini dieu… Si on accepte en fait qu’aujourd’hui c’est le monde dans lequel on s’inscrit, parce que les réseaux sociaux fonctionnent comme ça, qu’on peut accéder à une certaine forme de visibilité parce que je sais pas moi, de notre travail, de ce qu’on défend, ça fonctionne comme ça auprès du grand public. Ok, soit. Mais du coup, ça implique aussi une grosse réflexion sur quel est le « mini dieu » entre guillemets, qu’on a envie d’incarner, et de fait, quel est le – je continue sur la parabole biblique – le troupeau. Le troupeau de moutons. Mais en fait je me suis dit mais il y a trop de trucs dans la sémantique qui fonctionnent bien. Parce qu’en fait il y en a qui vont foncer tête baissée sans rien comprendre à l’histoire, mais juste parce que ça leur donne une question sur laquelle ils peuvent réfléchir. Ils peuvent investir leur énergie aussi. Tout un tas d’émotions ultra humaines, parfois très contradictoires, légitimes ou pas. Je pose même pas la question de la légitimité en vrai. Mais le fait de se dire ok, j’ai du temps, je dispose de ça et du coup je vais investir mon truc là-dedans et je vais même pas fact checker. Et je crois que c’est le pire fléau de notre époque. C’est les gens qui vont foncer dans des polémiques sans même savoir ce qui se passe en coulisses. Juste parce que Machin a dit que, parce que machin a fait ceci ou cela. Mais parfois tu vois, je me dis on est tombés bien bas en termes de polémique.

Magali
Je crois qu’il y a un truc qui est important à garder en tête, c’est qu’il y a tout un business autour de tout ça aussi. Quand on parlait tout à l’heure des magazines genre qu’on lisait… enfin. Enfin, moi j’achetais surtout des magazines sur les séries, parce que j’aimais bien, ça parlait des séries aux Etats-Unis. Tu sais, comme on avait toujours un an de décalage avec les saisons ? Du coup, je savais ce qui se passait dans Buffy, par exemple, pendant que moi je regardais la saison trois, je savais que dans la saison quatre, il y avait des trucs qui se passaient quoi. Bref. Mais déjà à l’époque, il y avait un business autour de ça, c’étaient les magazines, c’était toutes ces choses-là. Et aujourd’hui, bon il y a encore des magazines, c’est plus tout ce qui est people et compagnie. Mais il y a tout un business sur Internet autour de la célébrité où les influenceurs et les influenceuses, autour de faire monter des clashs pour qu’il y ait de l’actualité et pour qu’il y ait des choses et que les gens retweetent et que les gens sur Instagram fassent monter la mayonnaise et tout ça. Et entre deux échanges de tweets, il y a un placement de produit. Enfin, il y a un vrai truc là-dessus. Pour garder sa communauté active il y a aussi l’idée de créer ce genre de dramas pour que la communauté se sente liée en fait. Et ça, c’est important parce que ça utilise notre besoin d’appartenance à des communautés de se rejoindre sur des choses communes. Alors c’est vrai que des fois on se rejoint sur des valeurs et c’est plutôt positif, enfin ça dépend des valeurs mais je veux dire, c’est quelque chose de plutôt noble, disons entre guillemets. Mais des fois on se rejoint sur des trucs basiques du genre j’aime telle série, allez, on va parler de telle série et on entretient ce truc. Et plus on l’entretient, plus il devient important émotionnellement. Et en plus de ça, il y a tout le business qui va autour. Et donc ça dévoie encore tout ça et ça nous pousse encore plus à nous investir dans le c, dans cette idolâtrie de masse.

Marcy
Complètement. Complètement. Et c’est intéressant ce que tu dis sur… En fait, la question de l’idolâtrie de masse, elle pose aussi cette question et je pense que ça découle parfaitement de nos vécus aussi… C’est qu’en fait, quand tu as des gens qui investissent autant d’émotions sur toi que tu ne l’as pas demandé, vient aussi le moment où en fait, quand tu navigues dans des communautés… Il y a Martin Luther qui disait ça en commentaire de l’idolâtrie dans la Bible qui disait « mais en fait, les personnes sur qui en gros le peuple investit cette fonction déique, qui en fait ne leur est pas accordée par Dieu puisqu’elle est attribuée par le peuple, mais ces personnes-là, de fait, qui deviennent des divinités, qu’est-ce qu’elles ont, elles, comme recours ? » En fait, c’est hyper intéressant parce que finalement toi quand t’es seule dans cette situation là… Tu disais « purée mais des fois j’ai des gens qui viennent me parler de trucs que j’ai dit dans ma newsletter, je m’en souviens même pas. » Et je pense que c’est un sentiment que très peu de gens comprennent avant de le vivre. Je trouve que c’est super facile de critiquer les personnes qui sont célèbres ou mises en lumière ou peu importe et qui ne savent pas ce que c’est. Il y a une vraie solitude qui découle de ce truc là où en fait toi-même tu ne sais même pas comment réagir dans ce type de situations, quand les gens te racontent des trucs de ta vie et tu te dis mais attends, déjà, je sais même plus où est ce que j’en ai parlé. Je sais même pas si je t’en ai parlé à toi personnellement. Moi j’ai beaucoup navigué dans les théories de rumeurs, donc là pour moi c’est encore pire parfois. Franchement, il y a eu des moments où je me disais mais est-ce que c’est moi qui dis ce genre de trucs, que c’est des on dit ?… Et en fait, c’est cette solitude-là, elle est pleine, entière. Quand tu dois naviguer entre communautés, investissement déique sur toi même que tu n’as pas demandé. Et d’ailleurs ça s’applique aussi aux personnes qui l’ont voulu. Je veux dire, il y a des gens qui choisissent d’être des célébrités parce qu’elles ont, je vais pas faire de la psychologie, mais je pense qu’il y a des gens en fait qui au fond d’eux, il y a quand même une petite faille narcissique qui a besoin d’être comblée. C’est psychologiquement valide comme hypothèse. Et du coup, même avec cette faille narcissique, en fait, faudrait réellement se poser la question de jusqu’où on est capable d’aller et ce en quoi on est capable d’investir aussi dans notre propre solitude. Parce qu’être constamment d’un peu mis sous le bruit des communautés, des rumeurs de… En fait, c’est un bruit constant que tu as dans ta tête aussi, qui fait que fatalement, et je le dis honnêtement, personne n’est équipé pour savoir comment réagir là-dessus. Et je pense qu’on l’a bien vu aussi sur une époque à laquelle on a grandi. Le cas de Britney Spears, je trouve qu’il fonctionne tellement bien. C’est tellement la démonstration de ce pour quoi il faut arrêter d’investir de l’idolâtrie sur des gens parce que c’est super violent en fait. Cette femme, elle a été mais foudroyée par le système. C’est incroyable.

Magali
Mais ce qui est ouf avec Britney Spears, c’est qu’elle se prend toutes les facettes au fur et à mesure. Elle n’est jamais tranquille. Déjà, elle l’a vécu toute jeune puisque c’était une enfant star, ça c’est un sujet qu’il faudra aborder à un moment, parce que comment tu te construis en étant une idole dès l’enfance, c’est compliqué. Et puis après, il y a eu la période où il y a eu tout le backlash et elle a complètement pété son câble et tout ça… Toute la période où elle était sous tutelle et compagnie. Et d’un coup, la narrative est passée de « Britney Spears c’est une folle » à « en fait, c’est une victime, il faut l’aider ». Et elle s’en est enfin sortie. Et genre quelques jours après qu’elle s’en sorte, je me souviendrai toujours et j’ai vu ça. Et j’avais un côté je sais pas pourquoi, je suis surprise, j’aurais dû le savoir…. Juste après qu’elle s’en soit sortie, elle a commencé à mettre des vidéos sur son Instagram. Je sais pas si c’est son Instagram, mais en tout cas sur un réseau social où elle dansait et c’est tout. Et ça recommençait. Les gens commençaient à dire qu’elle était folle. On commençait à dire qu’elle faisait n’importe quoi. Tu vois, une fois qu’elle n’était plus la victime qu’il fallait sauver, il fallait qu’elle redevienne quelque chose. Et elle est redevenue celle qui fait pas ce qu’il faut faire. Et c’est incroyable quoi. Je pense que à moins d’aller vivre et d’aller élever des chèvres dans le Larzac Britney Spears elle ne sera jamais tranquille quoi. Et je sais pas comment tu vis comme ça en fait. Et la question… Tu vois le podcast s’appelle Burn Your Idol et la question et je trouve que c’est super intéressant parce que du coup on la pose au tout début alors que c’était pas forcément le thème le plus évident mais c’est comment tu fais pour brûler l’idole quand c’est toi l’idole ? En fait, tu vois comment tu fais pour faire en sorte qu’on arrête de te mettre en idole quoi ?

Marcy
Bah moi c’est simple, ça a été vraiment. En fait, c’est marrant la question que tu poses, elle vient aussi de cette grande réflexion sur la théologie, parce que je me suis dit en réalité, à part Dieu pour ce qu’il est, moi j’ai pas demandé à devenir un dieu dans la vie des gens, vraiment, premier degré. Donc toute cette idolâtrie qui est normalement d’un point de vue théologique doit être… Finalement, où Dieu est censé être la seule idole et encore il y a plein de réflexions autour de ça. Donc quand tu deviens l’idole et qu’il faut brûler l’idole, je me suis dit OK, il va falloir que je procède par différentes étapes et que je réfléchisse réellement. Déjà publiquement ? Ben ça se fait de tout cramer ? De disparaître ? Non mais en vrai, je pense que les gens se rendent pas compte à quel point ça demande du courage que de se dire « ok, j’ai investi tant de temps dans tellement de contenu, de de plein de choses qui à mon sens avaient vraiment un but ». Parce que les gens, ils arrivaient quand même en masse. Il y avait beaucoup de partage. A l’époque, tout ce que je faisais était très sourcé. Je précise que j’ai touché zéro, nada, que dalle sur les productions de contenu que je mettais et que je produisais sur Twitter. Et ça, ça a été un crève-cœur. Parce que justement, c’était le reflet de toutes ces pensées d’inclusion dont je parlais qui moi, me faisait me sentir utile. En fait, je me disais purée, mais il y a tellement de gens qui venaient me voir en message privé pour dire que ça, ça leur avait ouvert les yeux, que certes ils n’étaient pas forcément d’accord avec le ton militant que j’avais, mais en fait, finalement, après mûre réflexion quand même, il y a des choses qui posent question. Et en fait, c’était tout ce truc là où je me suis dit waouh, il va falloir que je fasse un geste qui est ultra violent pour moi même, le temps investi et le travail fourni. Mais je n’ai pas d’autre choix c’est-à-dire qu’il va falloir que je me brûle moi-même. En fait, j’ai tout supprimé. C’est un geste radical. On a l’impression que c’est vraiment ridicule quand on dit comme ça, mais pas du tout. Pas quand tu as investi de ta sueur dans ce genre de production de contenu. C’est… Vraiment tu as l’impression de voir une partie de ton taf cramer, mais vraiment.


Magali
Mais littéralement puisque en fait, du coup tu perds ton taf, tu perds la visibilité que tu as pour ton taf. Donc c’est compliqué parce qu’en vrai, tu peux pas élever des chèvres dans le Larzac, tu peux
pas tout abandonner. Donc qu’est-ce qu’il faut sacrifier et qu’est-ce que tu peux garder ? C’est un équilibre compliqué dans ce genre de situations j’imagine.

Marcy
Complètement, mais c’est pour ça qu’il faut y aller par étape. En fait, il faut pas se dire ok, je vais faire tout d’un coup, ça n’existe pas. Franchement, si vous êtes confronté à cette situation même, vous êtes dans une communauté, admettons grandissante ou vous venez de lancer votre, je sais pas moi, votre podcast, votre chaîne YouTube. Vous tombez sur ce podcast, vous dites ok, s’il m’arrive ça, je fais quoi ? Vraiment, faites la théorie des petits pas. Faut pas y aller avec son sac à dos, depuis un avion à je ne sais combien de mètres et se balancer et se dire « Let’s go ! » Ça ne fonctionnera pas. Par contre, ce qui est sûr, c’est qu’on peut se dire « ok, si je fais de la modération, combien de temps je vais allouer à la modération ? » « Si je modère, comment je modère ? » Est ce qu’on laisse un droit de réponse ouvert ou pas ? De toute façon, c’est un truc que je fais désormais, c’est que je bloque tout droit de réponse et que je le laisse ouvert uniquement aux personnes qui me suivent. Parce que c’est un confort mental et que c’est pas un manque de bravoure en fait, c’est juste que tu fais tes règles puisque tu es dans ton propre cheptel de moutons. Bien sûr, les gens ont décidé de suivre des règles et de te follow pour ta communauté. Mais c’est aussi une question de ma propre responsabilité. C’est à dire si c’est la plus grande leçon que j’ai apprise, c’est que je n’ai pas à moi même de ma volonté ou pas, à permettre des phénomènes de grande échelle qui sont plus que hardcore et intenables à vivre. Il y a des gens qui sont vraiment profondément mauvais et qui vont tout faire pour que ça prenne la théorie de l’ascenseur et que ça s’escalade. Tu dis « Purée j’étais au moins 1 qu’est-ce que je fais dans le gratte-ciel ? » Et du coup, tu as plein de gens qui vivent tout cet algorithme-là. Et fatalement. Ben non, non, non, non, non. Aujourd’hui, de toute façon, il y a plein de fois, même sur Twitter où je laissais le droit ouvert juste à la personne mentionnée par exemple. Et c’est parce qu’il faut contrôler le feu quoi. En fait, au bout d’un moment, tu peux pas tout embraser, ça ne fonctionne pas, tu peux crever aussi. Donc. Donc voilà. Et sinon. Brûler des idoles aussi. Je pense que c’est faire un choix. Quand tu deviens l’idole, c’est aussi laisser la possibilité aux personnes de savoir ce qu’elles ont besoin de savoir et les choses qui en fait ça ne les regarde pas. Typiquement ma vie privée ne les regarde en rien. Les choses, les événements par lesquels je passe, si j’ai envie d’en parler, c’est parce que j’ai envie d’en parler. Mais je veux dire, il n’y a pas de coercition. On ne m’obligera pas à faire des choses ou à dire des choses, ou à doxxer des informations, ou alors qu’on doxxe des informations à mon sujet parce que en fait, c’est pas juste et que tout le monde a le droit entre guillemets à son petit jardin secret. Et je pense que c’est aussi ça. Est ce qu’on est quand même dans une époque où vraiment… A l’époque, quand j’étais sur Snapchat, je trouvais ça trop cool. Je fais partie des early adopter, mais du coup, quand j’avais 20 piges, un truc du genre 19 20 ans et quand j’ai vu ce que c’est devenu, où t’as des gens qui vraiment snap leur vie en continu. Toutes les 30 minutes, ça va snapper un truc de sa vie. Mais je me dis « oui, vous n’avez pas peur de laisser apparaître un bout de votre bâtiment, votre vie ? » Et ça aussi c’est un truc qui m’a fait tomber un peu dans une certaine forme de psychose puisque je ne parle pas de tout, même si toi t’es courant. Des gens qui sont partis très très loin dans le phénomène d’idolâtrie de ma personne. Où en fait, j’ai compris assez vite et même juste en bout du hall de mon immeuble, c’était ultra dangereux pour la personne quoi. Donc ne faites pas ça.

Magali
C’est hyper dangereux pour ça les réseaux sociaux. Je trouve qu’il y a plein de choses très nulles dites sur les réseaux sociaux en mode panique morale et compagnie. Enfin voilà. Mais par contre, il y a une chose qui est dangereuse, c’est d’oublier d’avoir l’impression que c’est dans une sphère privée quelque part des fois quand tu es avec tes followers et tout. Et donc du coup, partager les trucs de ta vie intime qui des fois peuvent être vraiment problématiques sur internet et des fois c’est pas ce qu’on imagine qui va être problématique, tu vois. Donc juste une photo où de fait on voit un peu un truc qui est repérable en termes de lieux par exemple, dans certaines situations, ça peut être dangereux. Ouais, et c’est vrai que moi c’est des choses auxquelles je faisais pas hyper attention. Enfin tu vois, je n’irais pas posté mon adresse ou ce genre de choses non plus, je ne sais pas, mais c’est chose auquel je faisais pas attention parce que je suis plutôt un petit compte. Je suis un compte perso en fait, même si je parle de mes activités et tout ça, c’est plus un compte perso qu’autre chose. Et en fait, en vrai, enfin, être témoin de ce qui t’est arrivé et de la violence de certaines choses que tu t’es prises et des angoisses qu’on a pu avoir à certains moments. Je dis « on » parce qu’évidemment, je ne le vivais pas autant que toi, mais il y a des questions qu’on s’est posées à certains moments. Je sais, on en a discuté de comment faire en sorte que tu sois en sécurité en fait. Bah ça m’a vachement refroidie sur plein de trucs en fait. Et maintenant, il y a des choses auxquelles je fais vraiment attention. Parce que maintenant, non pas que je sois parano, mais je me dis si un jour… Pour l’instant je pense pas que je sois en danger de ce genre de choses. Mais je me dis imagine un jour je me retrouve avec ce type de harcèlement. Bah les gens ils fouillent dans les archives et tout ça. Et donc il faut faire attention en fait.

Marcy
Mais oui, moi typiquement, j’ai eu un moment où c’était assez perturbant. Parce que comme tu sais, à la fin des conférences, pour les personnes qui ne savent pas quand tu fais des conférences, c’est généralement ce que tu fais, c’est que tu mets une dernière slide avec tes informations. Là où on peut te retrouver parce que les gens ils demandent ça, ils veulent continuer la conversation avec toi. Et donc tu mets les endroits des points de contact, c’est à dire mettre soit ton LinkedIn, soit je sais pas moi, ton site internet, ton adresse email, ton profil twitter/X et consorts. Moi j’ai jamais mis mon profil Instagram. Jamais, Jamais, Jamais, jamais. Parce que pour moi, Instagram c’est un peu le genre, le truc où quand même il y a des glimpses de ta vie privée. Ce que je veux dire c’est tu postes quand même des photos ou parfois je sais pas moi, tu es en vacances avec des potes où tu vas poster des endroits où tu as l’habitude de te balader. Enfin bref, la base de la base d’Instagram. Donc je n’ai jamais ô grand jamais mis Instagram sur mes points de contacts. Quelle ne fut pas ma surprise en sortant… Et ça, je vous l’ai jamais raconté. En sortant d’une keynote que j’avais faite en conférence tech, je reçois un message sur insta qui me dit « trop bien ta keynote ». Et tu vois, je me suis dit « mais je comprends pas, je t’ai donné tous les points de contacts officiels sur lesquels je te donne la possibilité de me parler. » On est quand même dans un contexte. Et au fait, ça aussi c’est un truc dont on va parler sur le flou que permet malheureusement les phénomènes d’idolâtrie dans les espaces publics type conférence. Parce que vraiment, je ne sais pas. Est ce qu’on est dans une convention, un festival ? Est ce qu’on est dans un truc local, pro, semi-pro ? On sait pas, très franchement, on sait pas.

Magali
Oui, il y a un vrai flou sur les règles de comment on discute avec les gens, de comment on est abordable, de quelles sont les relations, est ce qu’on est dans du pro ? Est ce qu’on a un perso ? Est ce qu’on est dans du hobby ? Enfin, c’est hyper, c’est pas clair du tout.

Marcy
Et dans du communautaire aussi. Parce que oui, il y a aussi tout cet aspect là où on parle en communauté de langages, on parle en communauté même régional. Quand tu fais des groupes en région, en vrai, il y a aussi tout cet aspect-là. Et donc moi, vraiment, ça m’a choqué. Je me suis dit « mais j’entends ton intention, elle est pas mauvaise, mais je trouve ça quand même sacrément culotté quand je te donne des points de contact pro… » En fait, je parle d’un sujet qui est quand même à mon sens pro et quand je vois ça, tu vois, là, je capte à ce moment précis qu’il va falloir que je fasse un sacré ménage sur Instagram. Parce qu’en fait, quand je capte cette information, je me dis « purée, mais si ça se trouve, il y a plein de comptes soi-disant anonymes, soi-disant avec une identité falsifiée, ils sont sur mon Instagram ». Et quand ton profil est public mais bon courage pour aller ensuite déterrer qui se cache derrière. Enfin vraiment un enfer… Ce truc là, ça a été la chose la plus complexe que j’ai eu à corriger, comprendre et du coup par laquelle j’ai dû naviguer parce que je me suis dit « Waouh ! Ok, donc ça veut dire qu’il faut aussi que je fasse gaffe à ce type de followers. » Et ça, c’est un des points aussi qui est très intéressant dans l’idolâtrie, c’est qu’on sous-estime que tous les points de contact, c’est d’ailleurs un truc biblique aussi, que n’importe quel point de contact est possible dans l’idolâtrie. N’importe lequel. Et moi, j’avais tendance aussi, je pense, à imaginer que les choses étaient scindées. Mais c’est pas parce que mon cerveau réfléchit comme ça que… Mais tu vois comme si les gens qui étaient sur Twitter, c’était des gens de Twitter. En fait, comme moi ces personnes-là, elles avaient aussi d’autres réseaux sociaux. Et là, là, c’est violent parce que. Parce que tu réalises jusqu’où ça peut aller et jusqu’où ça va. Et c’est vraiment c’est très effrayant et très perturbant parce que tu captes à quel point il y a tout un degré d’intentions plus ou moins bonnes ou plus ou moins mauvaises qui vont aller vraiment chercher l’information. C’est amusant parce que vraiment, je t’assure, je suis sortie de scène et en plus, quand tu fais ça dans les plus grandes salles, tu vois ce que je veux dire ? Purée il y a quelqu’un dans cette assemblée qui n’a pas suivi mes instructions et qui a choisi le chemin le plus chelou pour venir me parler de ce que je viens de faire. Il aurait pu venir en face de moi. C’est moins flippant que de ramasser sans laisser un message en mode « Bonjour, je suis l’homme de l’ombre qui est très sympa » chez moi. Attends mais mon profil Instagram en plus tu vois, je m’appelle pas… mon pseudo, c’est pas Marcy Ericka quoi. Donc c’est d’autant plus perturbant. Et là tu le dis putain mais comment il a fait en si peu de temps pour trouver mon profil insta ? Internet n’oublie jamais. Jamais. Et puis les phénomènes d’idolâtrie le témoignent.

Magali
Mais là, ça touche à un truc qui est que les idoles nous appartiennent en fait. Tu vois, c’est comme les gens qui sont… Les acteurs ou actrices qui racontent que quand ils vont au resto, des fois ça dégénère complètement, ils sont obligés de partir parce qu’ils ne peuvent pas être tranquilles en fait. Moi je sais que par exemple, enfin, une fois, j’ai… Alors tu vas voir, c’est vraiment la super star. Mais une fois, par grand hasard, j’ai mangé à la table de Thierry Lhermitte. En fait, c’était un resto, tu sais où c’est des grandes tablées et tu t’installes les uns à côté des autres sans se connaître quoi. Et j’étais avec ma tante et un ami. Il y a un mec qui rentre, qui s’installe à côté de moi, genre mais vraiment à côté de moi. Et je vois ma tante qui fait une tête bizarre. Tu vois, je regarde le mec parce qu’elle fait vraiment une tête toute blanche. Je regarde le mec et je me dis « Oh, c’est Thierry Lhermitte ». Un truc un peu bizarre, enfin tu vois. Et bon, je ne suis pas une fan particulièrement. Enfin je veux dire, voilà, je le connais, c’est un acteur français réputé, mais c’est pas quelqu’un à qui j’ai envie de déclamer mon amour ou quoi. Donc en vrai, très vite, j’ai oublié. Parce qu’en plus c’est quelqu’un qui fait très commun dans la vraie vie. Enfin, ça m’a pas perturbée plus que ça. Voilà. Il mangeait tout seul, il était tranquille et tout. Mais c’est vrai que quand il est rentré dans le restaurant et qu’il s’est installé, il y a une sorte d’espèce de bulle de pression où tu sens l’espace de moments où les gens se demandent « est ce que j’y vais ? Est-ce que j’y vais pas ? » Est ce que tu vois ? Et j’imagine pas vivre ma vie dans les lieux publics comme ça tout le temps. Je supporte déjà pas qu’on m’aborde dans les lieux publics en tant que personne lambda qui se fait aborder dans les lieux publics, j’aime déjà pas ça. Mais alors en plus en tant que tu sais qu’idole qui en plus représente des choses différentes pour chacun, qui en plus doit justifier cette représentation d’une certaine façon. Tu vois, il y a une espèce d’enjeu qui se met, une espèce de responsabilité, de pression. J’imagine même pas. Et c’est vrai qu’en conférence, quand il y a quelqu’un qui vient et qui me dit « Ah, je suis content d’enfin te rencontrer, ça fait longtemps que je suis tes conférences ! » et des trucs comme ça, je trouve ça super agréable. Je ne vais pas dire enfin je vais pas dire que c’est agressif ou quoi, c’est super cool, mais en même temps ça met tout de suite une pression. Je me dis ah merde, maintenant je sais plus quoi dire en fait. Tu sais, genre à dire « bonjour, je sais plus parler » parce que j’ai l’impression que la personne tout de suite imagine que je suis quelqu’un de très intelligent tout le temps ou de très drôle tout le temps selon ce qu’elle apprécie dans mes conférences alors qu’en vrai j’ai des heures et des heures de préparation pour mes conférences, pour qu’elle soit un peu pertinente et que dans la vraie vie, si j’arrive à articuler trois phrases d’affilée, je suis contente, tu vois. Mais. C’est assez… C’est assez particulier comme relation et c’est vrai qu’il y a ce truc où on appartient aux gens. Moi, j’ai eu des moments dans les conférences, j’étais en train de discuter clairement avec quelqu’un et tout d’un coup il y a quelqu’un qui arrive et qui commence à me parler parce qu’il a vu ma conférence. Il y a un côté bonjour, il n’y a pas de souci, Mais attends que j’aie fini, enfin tu vois, et rien que ça. Et encore une fois, c’est à une échelle vraiment minime. Tu vois, j’ai même pas de grosse communauté sur internet ou quoi. Je suis vraiment… Moi c’est tranquille tu vois. Mais j’imagine que multiplié par dix, multiplié par vingt, multiplié par… Les superstars, c’est encore pire. Ça finit par être très compliqué à vivre.

Marcy
Mais complètement. Et ce truc où tu vis le moment de flottement là où tu sais pas quoi dire, c’est très étrange à vivre. Parce que même toi qui est de l’autre côté de la barrière, tu le sens. Je sais pas si toi ça t’est arrivé, ce truc où tu sens qu’il y a quelqu’un qui te regarde avec insistance. Et tu sens que tu t’es en capacité aussi d’apporter des réponses à ces gens-là. Nous, on est quand même dans des sphères assez… J’ai envie de dire intellectuelles, parce que d’un côté c’est un peu ça en vrai, on fait pas mal de socio, de social tech. Et même ça, ça pose la question du type de réponse qu’on va apporter à ces personnes. Il y a aussi tout un regard de l’éthique qui je pense est une prévalence sur ce qu’on doit dire aux gens et comment on doit les guider. Parce que justement, tout cet investissement d’émotions, d’attentes, d’appartenance, parce que c’est très juste ce que tu dis sur… En fait, c’est comme si tu appartenais aux gens/ Des fois, je me sentais un peu dépossédée de moi-même. Et je pense que c’est un vrai sujet. Il faut vraiment en parler. L’idolâtrie… Je parlais de déshumanisation, mais c’est plus juste ce que tu dis sur le fait que tu es dépossédée de toi. Les gens, ils ont l’impression que tu leur appartiens et que tu leur dois des choses et que si tu n’apportes pas les réponses dont ils ont envie, je parle même pas de besoins, dont ils ont envie. En fait vu que tu éclates leur volonté de biais de confirmation par ta bouche, ils te voient tout de suite quand même comme un ennemi ou une ennemie. C’est d’autant plus paradoxal parce que finalement, ce sont des gens qui apprécient quand même le débat et qui disent que la liberté d’expression est une prévalence. Ça pose questions. Moi j’ai pas tout compris. Mais tu sais, tous ces trucs là où je me dis mais en fait il faut aussi avoir cette honnêteté que moi j’ai beaucoup trouvée dans les études bibliques et de la Torah qui est, tu vois la parabole de la paille et la poutre dans Matthieu ? Où en gros tu critiques la poutre dans l’œil de ton voisin, euh tu critiques la paille dans l’œil de ton voisin et tu regardes pas la poutre qui est dans le tien. Et c’est exactement ça. Il faut se poser aussi la question de pourquoi investir autant d’énergie sur certaines personnes en leur disant qu’elles ne sont pas clean, qu’elles font tel ou tel truc, alors que finalement tu n’es pas mieux à discourir de ces choses-là ? Ou tiens-toi dans le silence. Si tu penses que je suis ridicule, sois pas aussi ridicule que moi. Mais c’est tellement basique. C’est ce truc où je pense qu’on est tellement tombés dans une époque aussi du sur commentaire. C’est à dire qu’on ne commente plus, on sur commente et on sur commente et on sur commente… Et même ça d’ailleurs dans la Bible, est préconisé le silence. Je me suis dit « mais attends, il y a trop de trucs sur l’idolâtrie en fait. » Et le silence, c’est la chose qui te fait comprendre que tu n’as pas à rentrer dans ces phénomènes-là. En fait il y a un concept biblique qui s’appelle le fruit de l’esprit, et du coup ce le fruit de l’esprit, là, si tu veux, il peut pas exister si tu n’es pas dans le silence, si tu ne gardes pas ta parole stable, si tu passes ton temps à critiquer d’autres personnes avant de te consulter toi-même, tout en investissant une idolâtrie, pardon de l’adoration de la créature et non du Créateur. Ce qui fait que tu ne peux pas cultiver ce fruit de l’esprit. Le fruit de l’esprit, il est catégorisé par plusieurs plans. Donc déjà tu as la charité, la joie, la paix, la patience, la bonté, la bénignité, la foi, la modestie, la continence, la chasteté. Bref, il y a plein, plein de sous catégories de ce fruit. Et ce qui est intéressant, c’est qu’en fait je me dis mais aujourd’hui dans les phénomènes comme ça, d’adoration et d’idolâtrie, de personnalités qui pourraient être tout à fait lambda. En fait, on ne maintient pas toutes ces valeurs-là. C’est pas possible parce que quand tu rentres dans des phénomènes de guerres virtuelles, que tu vas harceler des gens physiquement, que tu vas leur donner des attributions bonnes ou mauvaises dans leurs sets d’actions, en fait tu n’es pas en paix, donc ça ne sert à rien. Il ne faut pas rentrer dans ce terrain-là. Et ça, je l’ai vu aussi quand je me baladais du côté de chez moi et c’est arrivé par deux fois. Et tu sais que j’habite plutôt dans un lieu de campagne où quand même je me promenais mes chiens dans un champ il y a un mec qui m’a reconnue. Et là tu ne dis « purée wow ça va super loin ! ». Et c’est ce truc qu’il faut pas oublier dans notre expansion virtuelle. Même si tu as l’impression que c’est dans ton téléphone, c’est dans la poche, tu vas naviguer dans des eaux troubles virtuellement. Et donc ce mec qui me reconnaît alors que je promène mes chiens dans un champ. Et là c’est aussi une prise de conscience où tu te dis « purée, d’accord, ok, Même là où je pensais que personne ne pouvait me reconnaître, bah c’est mort. » Et une autre fois aussi, Pareil, j’étais plutôt en ville et là je reçois un message sur LinkedIn qui me dit « Ah mais je crois t’avoir vu, c’est toi qui fais des conférences sur ça… » Et là je me suis dit. « Ouais, ok, ouais, ouais, ouais. » Donc tu vois, il y a aussi tout ce truc-là de la confrontation du réel, parce que l’idolâtrie c’est quand même beaucoup de fantasmes, il faut le dire, c’est beaucoup d’investissement, de l’ordre de l’imaginaire. Ça peut être tangible aussi, je veux dire, mais il y a quand même toute une partie où c’est beaucoup lié à l’esprit, à ce que tu imagines de la personne, ce que tu transpose. Et quand tu te confrontes vraiment au réel comme ce fameux Thierry Lhermitte qui était à table et voilà, ça y est, on a un peu cassé le mur du son de, comment on peut appeler ça, de son identité. C’est vraiment un phénomène qui est perturbant et c’est pour ça que moi je pense vraiment qu’aujourd’hui il faut avoir une réflexion éthique et morale sur l’objet d’idolâtrie, qu’on peut devenir, qu’on est devenu, qu’on devient. Et puis comment tu mènes les gens, quoi, là-dedans ? C’est ça. Je pense que c’est une responsabilité en fait. Je suis convaincue qu’il faut éduquer les gens à la responsabilité numérique.

Magali
Moi, souvent, j’ai du mal avec la critique des réseaux sociaux parce que je trouve qu’elle est binaire et qu’elle est en mode « oh la la, les gens sur les réseaux sociaux, ils disent n’importe quoi et puis ils s’attaquent les uns les autres » et voilà. Et bon, déjà j’ai une vie. Oui, ça je l’ai vécu sur les réseaux sociaux, mais je vis aussi des trucs très chouettes. Par exemple, nous, on s’est rencontré sur les réseaux sociaux complètement par hasard, donc on se serait pas rencontrées si Twitter n’avait pas existé, même si bon, on n’est plus ni l’autre, mais en tout cas, ça nous a permis de nous rencontrer. Et au-delà de ça, pour moi, ce qui se passe sur les réseaux sociaux, c’est ce qui se passe dans la vraie vie. C’est juste que grâce aux réseaux sociaux, c’est des trucs qui se passent maintenant tout le temps, c’est des trucs qui se passent à une échelle différente. Mais en fait, ce qui se passe sur les gens des réseaux sociaux, au niveau de l’idolâtrie, au niveau de comment les gens vont mettre sur un piédestal les influenceurs et les influenceuses par exemple, pour ensuite les faire descendre très violemment de ce piédestal. En fait, ça existait avant, avec toutes les stars, avec les personnes célèbres, avec les personnes historiques, les personnes politiques et tout ça… Ca existait différemment mais ça existait aussi. Enfin, je veux dire, encore une fois, Britney Spears par exemple, qui pour moi en plus, comme c’est arrivé comme j’étais assez jeune, a été hyper choquant ce qui s’est passé. Et en plus au début, moi personnellement, j’ai pas du tout pris de distance avec le côté « oh elle est folle, machin regardez, c’est trop rigolo, elle s’est rasé la tête et tout ça » parce que j’étais très jeune et j’étais complètement prise dans tout le discours médiatique autour de ce qui se passait. Et puis un jour, j’ai pris un peu de recul, une énième fois où on voyait la vidéo de quand elle allait se faire raser la tête et tout ça. Et j’ai eu un côté mais en fait c’est pas drôle. Enfin, elle est en détresse. Ouais, c’est pas drôle du tout. Donc déjà ça a commencé à me faire switcher un peu ma vision et petit à petit j’ai déconstruit ce truc-là. Mais ce qui se passe aujourd’hui sur les réseaux sociaux atteint en fait des gens qui, à la base, n’auraient jamais été dans ce genre de situation. Parce que de fait, on peut se retrouver dans une situation comme ça, en ayant une communauté relativement petite sur les réseaux sociaux, mais qui ait déjà assez de personnes pour qu’on ait ce phénomène de d’idolâtrie, de communautés, de clash et de harcèlement en bout de course souvent. Et on n’est pas du tout préparé à ça en fait.

Marcy
Ah mais carrément !

Magali
Et donc du coup, quand tu dis, je trouve que c’est bien, je trouve que tu as raison dans l’absolu, qu’il faut éduquer les gens à internet, aux réseaux sociaux et compagnie, ça dans l’absolu. Mais je pense qu’il faut aussi et c’est pour ça aussi que je fais ce podcast de façon très humble. Je le dis, il faut aussi éduquer les gens sur cette question de l’idolâtrie, cette façon qu’on a d’idolâtrer les gens et d’y investir des choses vraiment fortes. Ça fait du mal à tout le monde parce que ça fait du mal aux personnes qui sont idolâtrée et c’est le thème aujourd’hui. Mais ça fait aussi du mal aux personnes qui idolâtrent et ça les pousse des fois à avoir des comportements qui ne sont pas terribles, mais aussi ça peut faire énormément de mal. Enfin moi je sais que par exemple dans l’épisode où je raconterai moi, quelque chose qui m’est arrivé à ce niveau-là, une grosse déception à ce niveau-là et ça peut paraître absurde, mais ça a vraiment remis plein de choses en question sur mon système de valeurs et sur comment je voyais l’art. Enfin voilà, découvrir qu’une star que j’appréciais, enfin un artiste que j’appréciais, était vraiment finalement quelqu’un qui éthiquement n’était pas du tout aligné avec moi, ça a été quelque chose de très difficile.

Marcy
Bien sûr.

Magali
Et depuis, j’essaie d’avoir une posture différente face aux personnes que j’admire. Parce que on peut admirer des gens, même des gens qu’on connait pas, ça c’est pas problématique, faut pas les idolâtrer, c’est autre chose. Mais c’est. C’est vraiment difficile de trouver un équilibre je trouve. Je sais qu’il y a des personnes que j’admire, que j’ai fini par connaître. Par exemple que les personnes que j’ai commencé par admirer puis par connaître, j’ai mis du temps à faire la transition entre « oh là là, cette personne me parle » et « bon bah c’est normal, c’est quelqu’un que je connais en fait ». Enfin tu vois, c’est une personne. Parce que malgré tout, quand on admire, on a envie d’y mettre tout de suite quelque chose de fantasmé. Comme tu disais, il devient plus que juste une personne en fait.

Marcy
Tu vois, il y a un autre point biblique. Je crois que c’est dans Romain qu’il est dit que justement les humains s’égarent à force de porter leur identité dans des choses qu’ils croient, qui ne regardent pas Dieu et qui en fait n’ont pas ce comportement déique. Et en fait, en étant là-dedans, tu navigues dans un mensonge tel de la Créature au profit du Créateur que tu vas placer tout un tas de choses qui ne sont pas bonnes pour toi. Vraiment, c’est ça la définition de ce verset. Et ce qui est très intéressant, c’est que justement, en gros, si on fait une étude, on se dit que l’humain par défaut, il a tellement besoin d’investir des parties de lui un peu dans le monde. Tu vois, parce que la grande finalité, ce qui est abordé dans l’Ecclésiaste, c’est que, en fait, tout est fait pour mourir. Désolé, c’est pas forcément hyper joyeux, mais ça explique.

Magali
C’est le mot de la fin. Euh non.

Marcy
Le cauchemar… Bonjour ? Bienvenue dans cet épisode d’Halloween.

Magali
C’est l’épisode « tous mourir » avec Marcy !

Marcy
C’est mon côté mercredi dans le premier Adams. Mais de fait, je pense que ça touche à quelque chose qui est profondément ancré en nous, c’est que on sait qu’on est arrivé sur cette terre sans trop comprendre pourquoi. La seule chose dont on est sûr tous et toutes en venant au monde, qui fait aussi cette grande compréhension et incompréhension de la vie qui est. Mais tout, tout est vanité en fait. Parce que tout est conçu pour mourir et en réalité si on n’était pas tant travaillé d’un point de vue conscient ou inconscient par cette question, on chercherait pas à essayer de naviguer pour la postérité d’une certaine manière. Pourquoi on a envie de laisser notre marque dans le monde ? Pourquoi on a envie de porter des messages, pourquoi on a envie, je sais pas moi, d’animer chaque journée ? Je veux dire, il n’y a rien qui nous oblige à ça. Techniquement, on peut tous aller vivre dans un monastère et faire vœu de silence et ne pas exister à la surface du monde. Je me suis posé sincèrement la question d’aller faire un vœu de silence à un moment dans un monastère pour juste faire taire tout ce poids de l’idolâtrie qu’on m’avait collée dans le crâne, et tous les événements annexes qui se sont répercutés dans ma vie comme je viens d’en parler. Et mine de rien, c’est vrai que quand on y pense, cultiver toutes ces choses-là, tous ces espoirs, tout notre bonheur, notre attente, notre identité et notre sécurité, aussi parfois chez les gens c’est vraiment de l’idolâtrie au premier degré. Et en fait. Ben si tu veux jouer le jeu, tu peux, c’est pas un problème. Et encore une fois, ça pose la question de comment tu le fais et avec quoi tu le fais et comment tu le fais. Mais je pense qu’il est… comment dire ? C’est nécessaire de comprendre qu’en fait, c’est un jeu dangereux d’investir son identité dans, pas dans d’autre chose que soi même… En tout cas idolâtrer des gens pour en faire son identité, c’est flippant, tu vois. Quand je vois Poupette Kenza qui appelle les meufs, les poupettes et qui ensuite disent « on est des poupettes ! », ou alors les fans de Selena qui disent « ouais, on est des Selenators ». Ou encore une fois le phénomène de Taylor Swift avec les Swifties. Moi je trouve que c’est effrayant, genre, mais vraiment c’est ça me donnerait pas à l’idée ou à l’esprit. Peut-être que tu sais pas, je t’en ai jamais parlé, mais j’ai jamais fait de grand concert ou quoi. Ce genre de phénomène me fait flipper au plus profond de moi-même. Toutes les espèces de tu vois d’attroupements comme ça ou il y a des gens qui sont en train de scander le nom de quelqu’un, qui en plus à ces problèmes. Je suis pas en train de dire qu’il faut pas kiffer sa life et pas s’attribuer des petits moments de bonheur là-dedans. C’est pas ce que je dis, mais quand on fait toute ton identité, c’est ultra flippant. Je connais des gens qui sont fans de Taylor Swift. J’en suis, et je ne le ferais pas parce que ça se fait pas, mais j’en suis à ça de leur dire « Mais à part être une swiftie, t’es qui ? Hein ? » Mais c’est une véritable question. Il y a de quoi perdre son identité quand tu idolâtre des gens à ce point-là. Et c’est aussi tout le principe de l’idolâtrie dans la Bible ou en fait la rumeur est aussi une idolâtrie. En fait, quand tu passes ton temps à raconter n’importe quoi et falsifier la vérité, en gros, l’idolâtrie est le berceau aussi de la rumeur et du mensonge. Franchement, quand j’ai compris ce truc-là, quand je l’ai lu, je me suis dit « Waouh ! C’est tellement vrai ! » En fait, les gens sont prêts à écouter des mensonges plus que la vérité, parce que la vérité les confronte eux-mêmes aux mensonges qu’ils se sont construits pour avancer dans le monde en tant qu’humains. Un monde qui n’est pas facile, il faut le dire. Mais de fait, la confrontation avec certaines formes de vérité ou d’acceptation de son prochain. Parfois, j’ai l’impression que juste accepter l’autre, c’est compliqué donc je me dis « ouais voilà, déjà si là c’est le bout du monde » alors que franchement, juste écouter la personne et se dire que t’as pas ton énergie à investir dans ce genre de truc parce que ça t’énerve, c’est tout à fait entendable. Et ouais, et en fait tu le vois aussi par la suite, tout ce que les phénomènes de perversion des textes, ça a pu permettre. Ne serait-ce que l’Inquisition, tous les phénomènes d’inquisition. La grande naissance des piloris sur la place du village ou c’était tout à fait acceptable de brûler des femmes, des gens. Je me dis mais il y a combien de personnes qui sont mortes par rumeurs et par idolâtrie de choses qu’ils n’ont jamais faites ? Parce que concrètement, c’est aussi ça, hein. Ce dont tu te rends compte aussi que de façon plus moderne, on va naviguer vers Outre Atlantique aux Etats-Unis d’Amérique. Le nombre d’hommes noirs qui ont été accusés à tort et qui sont encore en train de vivre leurs peines, tout simplement parce que c’étaient des proies faciles à des accusations et des allégations de viols sur des femmes blanches, puisque c’était un grand mouvement à une époque. Et que des gens ont fait des rumeurs telles que tu vois, il y a eu tout le monde d’idolâtrie sur ces propos propos-là dans la presse à une certaine époque, des émissions de radio. Enfin, c’est là où on tombe aussi dans tous ces phénomènes de propagande, parce que ça sert un autre. Bref, un système oppressif, quoi. Et en fait, tu vois, je me dis mais comment on est en capacité d’en arriver là sans dire stop au bout d’un moment ? Et le stop vraiment quand tu dis « brûler les idoles » mais c’est vrai ! Et si ça vient pas des autres parce que les autres n’ont pas envie de te brûler en tant qu’idole, mais brûle toi quoi ! Je veux dire, si c’est toi qui es investie là-dedans. Mais arrête, c’est trop. Ça va tellement loin quand on est en capacité d’accuser des gens à tort et de faire naître tout un tas de storytelling là-dessus, qu’on idolâtre le storytelling sans même aller vérifier, qu’on invente et qu’on sur commente plein de trucs. Mais les répercussions sont vraiment gravissimes quoi ! Et je le dis. Tu vois, je te parle de Bible et de Torah, mais tous les phénomènes d’inquisition, ça pose aussi question. Je veux dire, quand on arrive à tordre la genèse de ta croyance, c’est quand même le truc le moins, le plus contre intuitif qui puisse exister. Donc voilà.

Magali
Yes… Bah écoute, je pense qu’on a fait un peu le tour. Alors on a fait le tour. Je pense qu’on a dit beaucoup de choses et on pourrait dire encore plein de choses nous connaissant. D’ailleurs, il y a des chances qu’on continue hors enregistrement. Mais je pense que là, pour un épisode, on est dans un truc un peu qui a fait le tour quoi. Donc on va peut-être s’arrêter là, non ? Et puis peut être prendre rendez-vous pour un autre épisode parce que je ne savais pas, mais finalement, c’est une série en duo ! [Rires]


Marcy
Incroyable ! Et bah je dis oui ! [Rires]

Magali
En tout cas, je te remercie parce que c’était super intéressant, comme toujours j’ai envie de dire, mais ça fait un peu trop genre la meuf qui est trop contente de son invitée, mais je le dis quand même, tant pis. Pour finir, on va finir sur une petite touche un peu plus légère. Enfin après c’est toi qui vois le ton, mais est-ce que tu aurais quelque chose à nous recommander ? Quelque chose à voir, à lire, à écouter sur n’importe quel thème ou n’importe quelle idée que tu as envie, que ce soit du militantisme, la suite du thème de ce podcast ou juste quelque chose que tu as apprécié dans l’absolu à nous recommander.

Marcy
Ouais, en vrai. Pour rester dans la thématique du podcast si jamais ça vous intéresse mais en même temps vous êtes sur des, je sais pas moi, des visions plutôt agnostiques, athées et que mine de rien, la religion ça vous intéresse comme sujet ? Ouais, c’est comme ça que j’ai commencé. Il y a un truc qui est une chaîne qui est vraiment très très cool, qui s’appelle The Bible Project et qui explique des fondements de la Torah et de la Bible et tout un tas de vocabulaire de manière illustrée. Et ils font des choses, sincèrement, que tu sois croyant ou que tu sois pas croyant. C’est tellement beau et ça dure l’équivalent de… Alors ils font des grosses sagas qui durent quinze minutes parfois, mais la plupart des vidéos explicatives, c’est une histoire de 20 à 30 secondes et en 30 secondes, t’as compris mais je ne sais combien de concepts. Ils sont en termes de storytelling et de ce que ça peut aussi te donner comme inspiration, si jamais t’as envie de faire du contenu court mais informatif… Et par exemple, je sais pas moi, un sujet scientifique hyper complexe, ça pourrait être le cas tu vois typiquement dans le dev, faire comprendre en 30 secondes toute une arborescence de sous thèmes dans un thème, tu peux t’inspirer deux. C’est trop fascinant. Je sais pas comment ils font, ils ont une façon de réfléchir, le truc qui est trop trop intéressante et donc ouais The Bible Project. Et un autre truc. Alors là pour le coup, ce sera vraiment très léger, léger, mais ça fait du bien ! Il y a le podcast qui m’anime depuis un moment, je pense qu’on m’attend pas du tout là-dessus. C’est le Floodcast. Si jamais vous ne connaissez pas le Floodcast mais allez écouter, c’est graveleux, c’est n’importe quoi, c’est une espèce de mélange. T’as l’impression d’écouter vraiment une espèce de tuerie de TDAH. Tellement aucun sens. Ca n’a aucun sens, mais purée que ça fait du bien. C’est animé par Florent Bernard et Adrien Ménielle. Florent Bernard, Si vous ne connaissez pas, c’est un auteur qui notamment, elle fait un film qui a eu un grand succès, qui s’appelle Nous les Leroy et qui explique l’histoire d’une famille nucléaire qui vit un divorce. On dirait que c’est un sujet plus que travaillé dans la cinématographie française, mais lui, il a l’avantage de le faire bien et avec humour et avec humilité. Et ça fait du bien d’être dans des représentations qui ne sont pas clichées finalement. Et quand il y a du cliché, ça s’amuse du cliché, c’est très cool. Donc ouais, Florent Bernard et Adrien Mesnil, pour ceux qui ont connu les internet avant… C’est horrible, on prend de l’âge, oh la vache ! [Rires] Pour ceux qui ont connu comment ça s’appelle ? Suricate Studio Bagel, c’étaient des auteurs et des acteurs en fait du studio. Donc voilà. Donc ce type d’humour là, on le retrouve dans ce podcast, le Floodcast qui amène des invités à chaque fois de qualité. Moi mes épisodes préférés, c’est ceux avec Jonathan Cohen, parce que vraiment, il part en freestyle, mais c’est hilarant. Systématiquement, si t’as passé une mauvaise journée, tu en as marre du militantisme et éventuellement de la théologie parce que… Franchement, si tu as envie de légèreté parce que tu as passé une journée compliquée ou que les sujets que tu abordes sont intellectuellement éprouvants, parce que mine de rien, c’est quand même un truc qu’on partage vraiment parfois on a besoin de déconnecter… Mais allez-y. C’est juste de la folie. Tu as l’impression que voilà, tu as juste besoin de déconnecter ton cerveau. Moi ça m’arrive souvent de promener mes chiens et d’exploser de rire dans la rue tellement ça n’a pas de sens.

Magali
Bah très bien. Bah écoute, je mettrai les liens dans le petit texte qui accompagne le podcast pour que tout le monde puisse en profiter. Et je vais me mettre ça sur mes listes de choses à écouter, à regarder. Parce que de fait, des fois, on a besoin de souffler.

Marcy
Oui, oui, complètement.

Magali
Bon, écoute, merci beaucoup Marcy.

Marcy
Je t’en prie, avec plaisir.

Magali
Et puis je pense à bientôt.

Marcy
A bientôt, merci beaucoup !

Générique de fin :
Merci d’avoir écouté Burn Your Idols ! Prochain épisode dans un mois ! N’hésitez pas à liker, laisser des commentaires, partager le podcast. C’est en lui donnant de la vie que vous m’aiderez à le faire perdurer ! Vous avez dans la description toutes les ressources citées dans l’épisode et aussi mes réseaux sociaux, ma newsletter et tout ce dont vous pouvez avoir besoin pour suivre mon travail ! Pour rappel, je travaille bénévolement sur ce podcast, alors si vous voulez me soutenir sur mon ko-fi listé dans la description, ça m’aiderait beaucoup ! A bientôt !